THOMAS EDISON : le brillant imposteur
" Hell, there are no rules here—we're trying to accomplish something ! "
Thomas Edison (le vrai !)
En 1890, Thomas Edison est déjà une véritable célébrité. Des millions d’Américains le considèrent comme une sorte de magicien des temps modernes, apportant le Progrès dans tous les foyers, mais aussi comme un modèle de réussite, vivante incarnation des valeurs de la jeune nation. La vieille Europe elle-même reconnaît son génie, à commencer par la France, qui le fait commandeur de la Légion d'honneur en 1889. Mais derrière cette façade idéale se cache un individu opportuniste et calculateur, prêt à toutes les manipulations pour satisfaire ses ambitions démesurées…
Âgé d’une quarantaine d’années (il est né en 1847), Edison est de loin le membre le plus jeune du Symposium. Brillant inventeur autodidacte, Thomas Edison se rend célèbre dès l’âge de 17 ans avec son fameux télégraphe duplex, avant de devenir l’ingénieur de plusieurs sociétés télégraphiques et de fonder sa propre société en 1876. Il enchaîne alors les découvertes et les innovations : le phonographe (1877), la lampe électrique à incandescence (1878) ou encore le récepteur téléphonique électro-chimique (1880). Au début des années 1880, il s’intéresse de près à l’émission thermo-ionique, qui constitue la base de ce que nous appellerions l’électronique : ces travaux attirent l’attention du professeur Terranova, qui devient bientôt le mentor secret de l’inventeur prodige, avant de le parrainer dans les rangs du Symposium, en 1882. Fasciné par les extraordinaires possibilités de la science prométhéenne, Edison se montre alors un de leurs serviteurs les plus zélés, certain que les entités venues de Mars lui permettront de réaliser un rêve qu’il caresse depuis toujours : devenir le plus grand inventeur de toute l’Histoire de l’Humanité, éclipser Archimède et Léonard de Vinci, régner en maître incontesté sur la marche du progrès scientifique et technique. Usant de sa notoriété, de ses relations et de sa fortune déjà considérable, il met rapidement sur pied les Hérauts du Progrès, une des plus importantes composantes de la Machine, et la Ligue des Inventeurs, plus spécialement chargée de servir ses ambitions personnelles d’hégémonie technologique.
Lorsque les Prométhéens clarifient leurs intentions à l’égard de l’espèce humaine, Edison n’est guère surpris : plus pragmatique que ses collègues, il a très tôt compris que ces créatures ne pouvaient être motivées par leur seul altruisme et que leurs discours sur la destinée cosmique de l’humanité cachaient des plans sans doute moins généreux. L’idée que les Prométhéens cherchent à devenir les maîtres de la Terre est présente dans son esprit depuis ses premiers contacts avec eux et, bien loin de le tourmenter, cette perspective conforte sa certitude d’être du côté des plus forts – le seul qui compte, l’Histoire étant toujours écrite par les vainqueurs. Mais il n’en abandonne pas toute prudence, bien au contraire : à partir de cette date, tous ses agissements suivront un double plan d’action. D’un côté, il continuera à servir les desseins des Prométhéens comme le fidèle disciple qu’il a toujours été – ou feint d’être. De l’autre, il oeuvrera en secret aux moyens éventuels de se retourner contre eux, au cas où la situation rendrait nécessaire un tel revirement. Il s’assure ainsi deux destinées possibles, toutes deux aussi glorieuses l’une que l’autre : maître du monde ou sauveur de l’humanité.
En 1888, il inaugure à West Orange (près de New York) une gigantesque " usine à inventions " capable d’assurer toutes les étapes de la réalisation de n’importe quel appareil ou artefact technologique, depuis sa conception initiale jusqu’à sa production en série. Bien vite, le complexe de West Orange devient le noyau central d’un véritable consortium techno-industriel, le premier du genre. Les ambitions d’Edison ne connaissent en effet aucune limite : il veut devenir l’architecte, le bâtisseur et l’ingénieur du futur de l’humanité. Pour mener à bien ses projets colossaux, il sollicite l’aide des richissimes entrepreneurs de la Venture Society, qui deviendront bientôt à leur insu les principaux associés financiers de la Machine, sous couvert de mirifiques projets destinés à "bâtir le monde de demain". Devenu une véritable figure publique, Edison partage pour l'instant l'essentiel de son temps entre les trois lieux symboliques de sa réussite : New York (siège de la Venture Society et de la Ligue des Inventeurs), l'usine à inventions de West Orange et sa ville futuriste d'Electricity, en Arizona. A terme, il envisage de se retirer dans la ville-citadelle de New Century, et de ne plus intervenir dans la vie publique que par l'intermédiaire de ses nombreux associés, collaborateurs et autres hommes de paille.
Au sein du Symposium, Edison tente de s’imposer comme seul et unique chef, disputant ainsi les prérogatives et l’autorité de Barrymore, qui se considère comme le fondateur du groupe et comme son dirigeant naturel. Les raisons pour lesquelles Edison cherche à diminuer l’influence de Barrymore au sein de la Machine sont multiples : en premier lieu, il s’agit tout simplement d’une question d’ambition et de pouvoir personnel, mais Edison redoute également que Barrymore, qui l’a toujours détesté, ne finisse par voir clair dans son double-jeu et ne le trahisse auprès des Prométhéens. Barrymore manifestant des signes de plus en plus évidents d’aliénation mentale, Edison n’a guère de mal à apparaître aux yeux des autres membres comme un leader responsable et rationnel : ainsi Béthancourt s’est-il finalement rangé à ses côtés, à la grande fureur du Professeur. C’est avec l’aide du maître des Nouveaux Bâtisseurs et de son ingénieur-en-chef Gustave Eiffel qu’Edison va réaliser une extraordinaire prouesse technologique : l’installation, en 1886, d’un transmetteur d’ondes dans l’armature de la statue de la Liberté new-yorkaise, permettant ainsi une liaison radiophonique directe avec les Prométhéens de Mars. En disposant ainsi d’un contact permanent avec la planète rouge, Edison coupe l'herbe sous le pied de Barrymore et détrône le Professeur en tant qu’interlocuteur privilégié des futurs maîtres de la Terre.
Sur le plan technologique, le principal domaine de recherches d’Edison reste les communications. Après être passé du télégraphe à la radiophonie grâce aux connaissances des Prométhéens, il a mis au point le Visiographe, appareil permettant l’enregistrement et la diffusion à distance d’images mobiles, et grâce auquel les membres du Symposium peuvent tenir de véritables " conférences visiographiques ". Assisté d’une véritable armada d’ingénieurs membre de la Ligue des Inventeurs ou des Hérauts du Progrès, il se consacre également à la mise au point des armes de la prochaine guerre, ayant récemment mis la dernière main aux plans de plusieurs engins militaires des plus destructeurs, parmi lesquels on trouve le submersible Pursuivant, le cuirassé Hyperion et la mitrailleuse modifiée Thunderstorm : toutes ces machines infernales seront bientôt fabriquées en série par Edison Industries, prêtes à être livrées en état de marche aux gouvernements les plus belliqueux.
Totalement égocentrique, Edison n’a que mépris pour ses associés du Symposium (et pour la plupart des êtres humains en général) : il considère Barrymore et Gregor comme des fous dangereux, Béthancourt et Zeppelin comme des imbéciles prétentieux aisément manipulables, Nakamura comme un serviteur tout dévoué. Seul Krylenkov trouve quelque crédit à ses yeux, en vertu de son prodigieux génie inventif mais, loin de l’admirer, Edison le jalouse et tente secrètement de s’approprier les résultats de ses derniers travaux sur la mécanique kubernétique. La disparition de Terranova constitue, avec l’existence du Club, un des principaux sujets d’inquiétude d’Edison : il redoute de voir son ancien mentor refaire surface et révéler à la face du monde l’existence et les secrets du Symposium – ce qui mettrait gravement en péril les rêves de gloire et de puissance de l’inventeur américain. Plus que n’importe quel autre membre du Symposium, Edison est fermement convaincu que le Club et l’Academia Mecanica sont les deux principales composantes d’une " Machine rivale " créée et dirigée par Terranova lui-même pour contrecarrer leurs desseins : fort de cette certitude erronée, il consacre donc une grande partie de ses ressources à espionner en pure perte les activités de l’inoffensive Academia…
THOMAS EDISON Atouts : Esprit Analytique, Esprit Visionnaire, Expert (électricité), Figure Publique, Immense Fortune (via ses relations), Mécanicien, Sens des Affaires, Talents de Bricoleur, Technologie Avancée, Personnalité Magnétique, Volonté de Fer. L'Atout Figure Publique représente l'extraordinaire notoriété d'Edison, véritable légende vivante. |