SIR MORTIMER GREY (nom de code : Prospero)
Si Nemo reste l’inspirateur incontesté du Club, Sir Mortimer Grey en fut l’architecte et le bâtisseur : c’est lui qui mit sur pied la structure de l’organisation et recruta ses premiers agents opérationnels. Aujourd’hui, il occupe une place de premier plan dans la direction stratégique du Club, dont il supervise les activités sur l’ensemble du territoire européen mais aussi dans les régions les plus reculées de l’empire britannique, ce qui fait de lui le n°2 de l’organisation, juste après Nemo lui-même. Il faut dire que Sir Mortimer a l’habitude d’assumer des responsabilités aussi secrètes que cruciales, ayant été pendant plusieurs années un des principaux cerveaux des services de renseignements de Sa Majesté la Reine Victoria.
De sa brillante et discrète carrière au sein d’une des institutions les plus secrètes du monde, Sir Mortimer a conservé une grande expérience du monde de l’ombre, un sens aigü de l’analyse et de l’organisation, ainsi que de nombreuses relations dans les hautes sphères – autant d’atouts qu’il a su mettre à profit dans son nouveau rôle d’Invisible. En dehors de son exceptionnel savoir-faire dans le domaine du renseignement, Sir Mortimer se distingue du commun des mortels par une intelligence véritablement prodigieuse, qui aurait certainement fait de lui un des plus grands cerveaux de son temps s’il avait embrassé la vocation scientifique.
Physiquement, Sir Mortimer est un personnage extroardinairement corpulent (pour ne pas dire franchement obèse, ce qui lui a valu d’être surnommé " Sir Moby Dick " par quelques esprits jaloux et malveillants), aux manières posées et au regard faussement rêveur. Il mène en apparence une existence de gentleman sédentaire et célibataire, aux habitudes soigneusement réglées et aux passe-temps irréprochables (déjeuners dans divers clubs de Londres, séances de lecture à la bibliothèque du British Musem, visites à de vieux amis de tel ou tel ministère etc). Lorsque les affaires du Club ne l’obligent pas à quitter Londres (ce qu’il déteste par-dessus tout), Sir Mortimer partage son temps entre le Delphian Club, le Bureau de Londres et son appartement de Pall Mall, qui lui sert de quartier général personnel.
Né en 1827, Mortimer Grey est issu d’une vieille famille de la gentry du nord de l’Angleterre. Son père, Sir Reginald, mena une brillante carrière de diplomate au sein du Foreign Office. Remarqué dès son plus jeune âge pour ses extraordinaires dispositions intellectuelles, Mortimer suivit le cursus typique des jeunes gentlemen : éducation à Eton, puis entrée à l’université de Cambridge – à l’âge de seulement quinze ans. Là, il gagne rapidement une réputation d’étudiant surdoué, provoquant l’admiration de ses professeurs et la jalousie de nombre de ses condisciples. Excellent dans toutes les disciplines (sauf en éducation physique, en raison de sa corpulence déjà excessive), il se montre particulièrement brillant en histoire, en mathématique et dans l’étude des langues anciennes, où ses extraordinaires facultés de mémorisation et d’analyse font merveille. C’est à Cambridge qu’il croise pour la première fois le chemin d’un autre étudiant prodige, lui aussi féru d’histoire et de mathématique : James Horatio Barrymore, de trois ans son aîné. Les deux jeunes gentlemen seraient peut-être devenus amis sans l’insupportable arrogance de Barrymore – un trait de caractère totalement étranger à la personnalité de Mortimer, d’un naturel aussi modeste que réservé. Leurs deux existences prennent bientôt des voies fort différentes et ne se croiseront à nouveau qu’une soixantaine d’années plus tard, lorsque Sir Mortimer acceptera de coordonner la lutte contre le Symposium… Mais revenons à ses années de jeunesse. Après avoir brillamment obtenu divers diplômes et titres universitaires, Mortimer intègre tout naturellement la hiérarchie des services secrets britanniques, habitués à repérer leurs nouvelles recrues au sein des plus prestigieuses universités du royaume. Alors âgé d’une vingtaine d’années, Mortimer Grey commence une carrière " d’homme de dossiers " dans un modeste petit bureau. Son travail consiste alors à analyser toutes sortes de dépêches et d’informations en provenance des quatre coins de l’Empire, tâche qu’il va poursuivre avec constance et efficacité pendant plus de vingt années, gravissant peu à peu les échelons de la bureaucratie secrète de l’état britannique. En 1872, on lui confie la création d’un département du chiffre, chargé de décrypter les codes secrets utilisés par les espions étrangers opérant sur le territoire britannique. Il s’acquitte de cette tâche avec brio et c’est tout naturellement qu’en 1874, il se voit confier la direction d’une des principales branches des services de renseignements de Sa Majesté. Sous sa tutelle, le département va devenir un des plus efficaces du monde, anticipant régulièrement les stratégies des services secrets prussiens, russes et français. C’est grâce à son action inspirée qu’en 1875 le premier ministre Disraeli pourra négocier le contrôle du canal de Suez, au détriment des Français. Il jouera également un rôle aussi discret que décisif lors de la crise des Balkans de 1878 et déjouera de nombreux complots contre les intérêts de la Couronne. Ce faisant, il suscite également de nombreuses jalousies au sein de l’establishment, jalousies qu’il choisit d’ignorer, comme à l’époque de Cambridge. Les manœuvres de ses rivaux auront pourtant raison de Sir Mortimer : en 1882, de sordides intrigues de cabinet provoquent son éviction au profit d’un de ses nombreux rivaux, Sir Edward Spenser, qui se révèlera totalement inapte à la tâche. Ecoeuré par ce triomphe de l’arrivisme, Sir Mortimer donne sa démission en tout bien tout honneur. Dès les premiers mois de sa retraite, il sera régulièrement consulté par ses anciens confrères, totalement dépassés par l’incompétence de son successeur, et coopèrera officieusement à la résolution de plusieurs dossiers délicats, dont Sir Edward s’appropriera toute la gloire…
Un soir de mai 1887, Sir Mortimer reçoit la visite de l’éminent physicien Sir William Thomson, qui lui apporte une lettre des plus singulières, une lettre dans laquelle le professeur Cornélius Terranova dévoile l’existence du Symposium, des Prométhéens et de la grande conspiration contre l’humanité. La première réaction de Sir Mortimer est, hélas, prévisible : pour lui, la lettre est l’œuvre d’un fou ou d’un imposteur et il s’étonne qu’un esprit aussi brillant que Sir William ait pu lui accorder le moindre crédit. L’entrevue s’achève avec une certaine froideur et les choses auraient pu en rester là si, quelques jours plus tard, Sir Mortimer ne s’était rendu au Delphian Club pour y discuter avec d’anciens confrères et amis, conformément à ses habitudes. Là, une de ses relations du Foreign Office lui demande son avis sur un dossier épineux, celui des travaux aéronautiques du Comte von Zeppelin et de leurs évidentes applications militaires. Le diplomate est particulièrement intrigué par certains renseignements apparemment assez extravagants selon lesquels Zeppelin aurait rencontré plusieurs fois en secret le financier français Charles-André Béthancourt et certains Américains proches de l’inventeur Thomas Edison… ce qui recoupe très exactement les informations contenues dans la lettre de Terranova. Troublé, Sir Mortimer décide de mener sa propre enquête, ne serait-ce que pour en avoir le cœur net. Il demande ainsi à plusieurs de ses anciens agents de recueillir tous les renseignements possibles concernant le naufrage de l’Hibernia, les récents investissements de Béthancourt, la disparition du professeur Terranova et divers autres éléments mentionnés dans la lettre : en quelques semaines, il constitue un énorme dossier, regroupant des informations apparemment disparates - mais qui corroborent à l’évidence les révélations de Terranova. Bien sûr, le vieux gentleman a quelque difficulté à accepter l’idée d’une invasion venue de Mars mais il perçoit en revanche l’extraordinaire menace qu’une organisation comme le Symposium pourrait constituer pour l’équilibre mondial. Sa décision est prise et, bientôt, il contacte Sir William pour lui apprendre qu’il a changé d’avis et qu’il est prêt à rejoindre la lutte. S’ensuit alors une réunion cruciale entre Nemo, Thomson et Grey, au cours de laquelle seront jetées les bases du Club. En quelques semaines, Sir Mortimer met sur pied un véritable petit service secret indépendant, recrutant les premiers agents opérationnels parmi ses relations du Delphian Club. Le Club est né et la Guerre Secrète est déclarée !
Si vous connaissez l’univers de Sherlock Holmes, vous ne pourrez qu’être frappé par la ressemblance évidente entre Sir Mortimer Grey et le frère du célèbre détective, Mycroft Holmes : cette ressemblance, totalement voulue et assumée, est d’abord motivée par la volonté de rendre hommage à Sir Arthur Conan Doyle mais possède également sa propre justification à l’intérieur de l’univers d’Uchronia, tout comme les similitudes existant entre notre Professeur Barrymore et le diabolique Professeur Moriarty…
Nemo | ![]() |
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Alexei Bogatyr | ![]() |
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Sir William Thomson | ![]() |
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Lucian | ![]() |
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Georges Clémenceau | ![]() |
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Buchalter | ![]() |
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Les Invisibles (Retour) | ![]() |
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Devi Hanesha | ![]() |
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